Auteur:Albert Cohen
Date de publication:1968
Editions: Gallimard, folio
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* Solal et son Ariane, hautes nudités à la proue de leur amour qui cinglait, princes du soleil et de la mer, immortels à la proue, et ils se regardaient sans cesse dans le délire sublime des débuts.*
Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d'une foule de comparses: ce roman est le chef d’œuvre de la littérature amoureuse de notre époque.
*Arrivé devant le Palais des Nations, il le savoura. Levant la tête et aspirant fort par les narines, il en aima la puissance et les traitements. Un officiel, il était un officiel, nom d'un chien, et il travaillait dans un palais, un palais immense, tout neuf, archimoderne, mon cher, tout le confort! Et pas d'impôts à payer, murmura-t-il en se dirigeant vers la porte d'entrée.*
Genève dans les années 1930. Un homme séduisant se déguise en vieillard juif et s’introduit chez Ariane Deume pour la séduire. Cet événement marque le début d’une relation hors du commun entre une femme mariée et le supérieur de son mari. Du mépris à la passion, nous suivrons la belle Ariane et son Seigneur Solal dans leur amour à travers l’Europe de l’avant-guerre.
Autour du couple d’amants gravitent d’autres personnages, tous aussi intéressants les uns que les autres. Nous avons la famille Deume, qu’Albert Cohen ne se prive pas de ridiculiser. Adrien, le mari d’Ariane, fonctionnaire au Palais des Nations, est l’exemple parfait de l’homme intéressé par rien d’autre que son ascension sociale. Pour lui, tout est basé sur les relations, l’importance des fréquentations et, surtout, sur l’apparence. Les scènes qui le concernent sont très comiques, toujours dans l’exagération et même les événements les plus sérieux basculent systématiquement dans le ridicule. Le fait qu’il vive dans la même maison que ses parents ajoute à cette impression et, par ce choix, l’auteur a en même temps l’opportunité de nous faire faire connaissance avec d’autres personnages – tout aussi divertissant : M. et Mme Deume.
Du côté de Solal, nous rencontrons les Valeureux, ses cousins, qui visitent Genève à plusieurs reprises. Les passages les concernant m’ont beaucoup plu car ils sont tout à fait inattendus. Débarquant tout droit de leur Céphalonie natale, ils sont complètement décalés par rapport aux diplomates et représentants de la ville. Ils ont une manière de parler et d’agir très différente de tous les autres personnages et mettent en place différents stratagèmes pour s’attirer les bonnes grâces de Solal – et bien sûr son argent.
Les variations de langage dont je viens de parler sont sans aucun doute l’intérêt principal de ce roman. Chaque personnage à sa propre manière de parler, son vocabulaire, ses expressions. On reconnaît immédiatement si c’est Ariane qui parle, Solal, les Valeureux, la famille Deume ou Mariette, leur domestique. Nous avons principalement affaire aux amants, qui s’enferment à plusieurs reprises dans des monologues intérieurs. Sur le modèle d’Ulysse de James Joyce, ces derniers ne sont la plupart du temps pas ponctués. Nous suivons ainsi le fil des pensées des personnages, ce qui nous donne de nombreuses informations sur leur caractère et leur personnalité. De plus, ce procédé nous permet de passer d’un point de vue à l’autre et nous aide ainsi à regarder les faits de plusieurs points de vue différents.
Certains de ces monologues sont toutefois relativement longs et difficiles à comprendre. Ajoutés à quelques longueurs dans le déroulement de l’intrigue et à la complexité de l’écriture – qui teinte toutefois magnifiquement de poésie cette œuvre – ils dissuaderont probablement plusieurs lecteurs.
Ces quelques difficultés dépassées, on aura alors tout le loisir apprécier une critique de la bourgeoisie et de son monde impitoyable, du snobisme et de la Société des Nations ainsi que, bien évidemment, l’analyse du thème principal du roman : la passion. On assistera à la séduction, qui se transformera en passion avant d’entamer sa décadence. Tout au long de ce chemin, on découvrira ainsi plusieurs facettes des personnages.
L’histoire est centrée sur les deux amants bien sûr, mais nous visitons en même temps Genève et, dans une Europe où l’antisémitisme prend de l’importance, nous découvrons la vie d’avant la première Guerre Mondiale.
Ce chef-d’œuvre de la littérature francophone du XXe siècle est à lire absolument pour quiconque apprécie les histoires d’amour - l'amour, étudié sous tous ses aspects - et les belles plumes, et qui n’a pas peur du grand nombre de page et de la complexité de certains chapitres.
Autour du couple d’amants gravitent d’autres personnages, tous aussi intéressants les uns que les autres. Nous avons la famille Deume, qu’Albert Cohen ne se prive pas de ridiculiser. Adrien, le mari d’Ariane, fonctionnaire au Palais des Nations, est l’exemple parfait de l’homme intéressé par rien d’autre que son ascension sociale. Pour lui, tout est basé sur les relations, l’importance des fréquentations et, surtout, sur l’apparence. Les scènes qui le concernent sont très comiques, toujours dans l’exagération et même les événements les plus sérieux basculent systématiquement dans le ridicule. Le fait qu’il vive dans la même maison que ses parents ajoute à cette impression et, par ce choix, l’auteur a en même temps l’opportunité de nous faire faire connaissance avec d’autres personnages – tout aussi divertissant : M. et Mme Deume.
Du côté de Solal, nous rencontrons les Valeureux, ses cousins, qui visitent Genève à plusieurs reprises. Les passages les concernant m’ont beaucoup plu car ils sont tout à fait inattendus. Débarquant tout droit de leur Céphalonie natale, ils sont complètement décalés par rapport aux diplomates et représentants de la ville. Ils ont une manière de parler et d’agir très différente de tous les autres personnages et mettent en place différents stratagèmes pour s’attirer les bonnes grâces de Solal – et bien sûr son argent.
Les variations de langage dont je viens de parler sont sans aucun doute l’intérêt principal de ce roman. Chaque personnage à sa propre manière de parler, son vocabulaire, ses expressions. On reconnaît immédiatement si c’est Ariane qui parle, Solal, les Valeureux, la famille Deume ou Mariette, leur domestique. Nous avons principalement affaire aux amants, qui s’enferment à plusieurs reprises dans des monologues intérieurs. Sur le modèle d’Ulysse de James Joyce, ces derniers ne sont la plupart du temps pas ponctués. Nous suivons ainsi le fil des pensées des personnages, ce qui nous donne de nombreuses informations sur leur caractère et leur personnalité. De plus, ce procédé nous permet de passer d’un point de vue à l’autre et nous aide ainsi à regarder les faits de plusieurs points de vue différents.
Certains de ces monologues sont toutefois relativement longs et difficiles à comprendre. Ajoutés à quelques longueurs dans le déroulement de l’intrigue et à la complexité de l’écriture – qui teinte toutefois magnifiquement de poésie cette œuvre – ils dissuaderont probablement plusieurs lecteurs.
Ces quelques difficultés dépassées, on aura alors tout le loisir apprécier une critique de la bourgeoisie et de son monde impitoyable, du snobisme et de la Société des Nations ainsi que, bien évidemment, l’analyse du thème principal du roman : la passion. On assistera à la séduction, qui se transformera en passion avant d’entamer sa décadence. Tout au long de ce chemin, on découvrira ainsi plusieurs facettes des personnages.
L’histoire est centrée sur les deux amants bien sûr, mais nous visitons en même temps Genève et, dans une Europe où l’antisémitisme prend de l’importance, nous découvrons la vie d’avant la première Guerre Mondiale.
Ce chef-d’œuvre de la littérature francophone du XXe siècle est à lire absolument pour quiconque apprécie les histoires d’amour - l'amour, étudié sous tous ses aspects - et les belles plumes, et qui n’a pas peur du grand nombre de page et de la complexité de certains chapitres.
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