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Après la vague d'Alexander Key



Auteur : Alexander Key
Titre original : The incredible tide
Traducteur : Arnaud Guillemette
Date de publication : 2012
Editions : Éditions Aux forges de Vulcain
Pages : 177
Mon avis


* Il vit la brume qui environnait Industria, et perçut son odeur bien avant que le navire ne s'approchât suffisamment pour qu'il pût la distinguer. Il y avait dans cette étendue vaste et laide quelque chose de vaguement familier. Avec un dégoût grandissant, il fixait du regard les ares de tuyaux emmêlés et les réservoirs, la fumée épaisse qui montait de certaines cheminées, et l'amas énorme de bâtiments en plastique, qui se dressaient brutalement entre la mer et les mornes collines. *

« Les cris des oiseaux marins, ses seuls amis, et les petits galets qu’ils laissaient tomber sur sa hutte, tirèrent Conan du sommeil dès l’aube. A quatre pattes, il sortit précipitamment, et courut jusqu’à la plage étroite, persuadé qu’un banc de poissons s’était aventuré dans l’un de ses pièges. Les oiseaux le prévenaient toujours de cette façon lorsque le poisson était pris au piège, mais il ne tarda pas à découvrir que ceux-ci étaient vides, et les mouettes et les sternes continuaient de tournoyer à ses côtés, en poussant de grands cris. Qu’essayaient-ils de lui faire comprendre ? »

(Résumé du site de l'éditeur) Après de longues années de guerre et un cataclysme, le monde occidental est détruit. A 17 ans, Conan est un rescapé qui vit sur un îlot depuis cinq ans lorsque l’arrivée d’un bateau arborant le pavillon ennemi vient rompre sa solitude. Emmené contre son gré, Conan découvre la ville de l’Ordre nouveau, Industria, dans laquelle sa force physique et son intelligence le destinent à la condition d’ouvrier. Cependant, Conan refuse de se soumettre à la hiérarchie sociale d’une cité dont il exècre le fonctionnement totalitaire. Mû par son esprit d’indépendance et son désir de retrouver les siens à High Harbor, une petite cité qui résiste tant bien que mal à la suprématie de l’Ordre nouveau, il trouve l’aide nécessaire pour planifier sa fuite.
Imaginez que, dans un monde prédominé par la guerre, une catastrophe naturelle cause des dommages irréversibles pour l’être humain. Imaginez qu’une énorme vague recouvre la plupart de la planète, engloutissant des villes entières et leur population. Imaginez que les survivants se retrouvent privés des inventions scientifiques qui ont révolutionné le monde et que leur mode de vie devienne proche de celui des hommes primitifs. Qu’adviendrait-il alors de l’humanité ?
Voici le point de départ du roman d’Alexander Key, Après la vague. Suite au « Changement », la mer a recouvert la planète, ne laissant que peu de terres émergées. Le jeune Conan vit sur un îlot, avec pour seule compagnie, des oiseaux, et il doit se battre jour après jour pour survivre. Lorsqu’il est secouru, ce qui devrait être une délivrance se révèle pourtant pire encore que ce qu’il avait vécu jusque là : emmené à Industria, la ville régie par l’Ordre Nouveau, il découvre un système révoltant auquel il refuse de se soumettre. Heureusement, Conan n’est pas aussi seul qu’il le croit et un vieil ami l’aidera à accomplir sa mission.
Le résumé proposé sur le site de l’éditeur m’a immédiatement fait penser à La planète des singes, de Pierre Boulle, qui m’avait beaucoup plu à l’époque. Malgré mon manque d’expérience de romans post-apocalyptiques et de science fiction, je me suis laissé entraîner dès les premières pages dans ce monde d’après le Changement. Une écriture agréable nous entraîne aux côtés de Conan dans ce monde hostile et le roman est parfaitement rythmé par l’action. C’est au fil des évènements que nous en apprendrons plus sur les personnages et les évènements qui ont changé le monde.
Comme tout livre de ce genre, nous assistons à la dénonciation du comportement irresponsable de l’être humain ; le Changement est une conséquence de leurs guerres, de leurs luttes pour le pouvoir et d’un grand manque d’attention portée à la planète. Nous ne savons que très peu de choses sur le monde avant cette grande catastrophe, mais il n’est pas difficile d’imaginer qu’il s’agissait de la Terre que nous connaissons. S’opposent par la suite deux villes dans lesquelles les hommes ont réagi tout à fait différemment : Industria et High Harbor.
Industria est en quelque sorte le pire qui peut arriver, une ville parfaitement artificielle, où le système favorise les gens ayant du pouvoir par rapport aux citoyens de deuxième et troisième classe. Les marqués, quant à eux, n’ont aucune chance. Un climat d’oppression règne dans cette zone, là où tout le monde est prêt à dénoncer les autres pour accéder aux richesses qui sont réservées aux dirigeants. Toutefois, même si ce lieu représente une sorte d’enfer, les personnages ne sont pas tous « mauvais » ou « bons ». Si principaux membres de l’Ordre Nouveaux ont clairement de mauvaises intentions, et Conan et les siens, de nobles intentions, les autres protagonistes sont bien plus nuancés. Comme l’explique le Professeur, comment ne pas admirer ceux qui ont survécu au Changement et se sont adapté à ce nouveau mode de vie.
À High Harbor, bien que la situation soit différente, il y a également des problèmes et l’on remarquera bien vite qu’on est loin du paradis. Ici, tout est naturel et nombre d’hommes sont redevenus des « sauvages ». Or, des luttes pour le pouvoir se préparent également, conséquence inévitable du manque de ressources et de l’impuissance des habitants face aux forces de la nature. Lequel de ces deux endroits est donc préférable ? L’auteur ne nous le dit pas, et tout lecteur comprendra sans doute qu’un compromis entre nature et science pourrait être une option.
Le contraste entre Conan, jeune inexpérimenté, et le Professeur, le grand savant connaissant le secret qui pourrait les sauver, est très intéressant. Tous deux se battent pour la même chose, mais le jeune homme a encore beaucoup à apprendre ; de même, le Professeur ne peut mener à bien sa mission tout seul. Alexander Key nous propose ici une solution pour survire à des situations qui paraissent insurmontables : l’entraide. De nombreux survivants souhaitent reconstruire un monde meilleur qu’auparavant, mais face aux difficultés, ils doutent et désespèrent. Et, pendant ce temps, d’autres en profitent pour assouvir leur soif de pouvoir.
Les protagonistes sont hauts en couleur et bien développés. Il est facile de s’attacher à Conan au fil des pages, ainsi qu’aux siens, qu’il s’agisse du Professeur, de Lanna, son amie d’enfance, du docteur Shann ou des autres survivants. Comment ne pas admirer leur courage ? Quant aux personnages secondaires, bien qu’ils ne soient qu’esquissés, ils nous donnent matière à réfléchir tant ils suscitent des émotions contradictoires.
La science et le surnaturel se côtoient sans cesse, mélange qui ajoute encore de l’intérêt à l’intrigue. Les inventions technologiques sont aussi importantes que la voix qui guide nos héros. Par ailleurs, dans un monde où les moyens de communication modernes ont disparu, la télépathie prend une dimension très importante et resserre les liens entre différents personnages.
La fin du roman est très ouverte, ce que j’ai apprécié, car c’est au lecteur d’imaginer la suite. Et, au vu des derniers évènements qui surviennent, Après la vague est finalement bien plus qu’un simple avertissement ou une critique de la société ; c’est avant tout un message d’espoir qui nous est livré par des mots simples et un style élégant. Et si un mélange de science et de foi, d’amitié et d’entraide, était la solution aux problèmes de l’humanité. Une traduction de qualité pour un roman magnifique.
Je remercie du fond du cœur les éditions Aux Forges de Vulcain de leur confiance et le forum A&M pour l’organisation de ce partenariat. Ce fut un véritable coup de cœur que je recommande à tous, petits et grands !


Partenariat avec les Éditions Aux forges de Vulcain
Un grand à la maison d'édition pour sa confiance

Le pays creux de William Morris


couverture livre

Auteur : Le pays creux
Titre original : The hollow land
Traducteur : Maxime Massonnat
Date de publication : 1996 (traduction française : 2011)
Editions : Éditions Aux forges de Vulcain
Pages : 52
Mon avis

* Nul ne peut le décrire car sa beauté est trop grande, un grand pays creux : les rochers tombent à pic pour former des précipices de ce côté, puis les étendues du plus beau pays, encore et encore, des arbres, des fleurs, des blés, puis des collines, vertes et bleues, et pourpres, avant que leurs saillies n'atteignent enfin la blancheur des montagnes enneigées. Alors comme pour tout sentiment étrange, "mon coeur en mon corps fut comme cire fondue.*

Savez-vous où il se trouve – le Pays Creux ? Depuis longtemps, maintenant, j’en suis à la recherche, j’essaie de le retrouver – le Pays Creux – car c’est là que j’ai vu mon amour pour la première fois. Je veux d’abord vous dire comment je l’ai trouvé ; mais je me fais vieux, et ma mémoire me trahit : il vous faut patienter et me laisser réfléchir si d’aventure je puis vous dire comment c’est arrivé. Oui, à mes oreilles résonne un bruit de trompettes qui retentissent dans des landes désolées, de mes yeux et mes oreilles, je vois, j’entends le choc et le fracas des sabots de chevaux, le son et l’éclat de l’acier ; des lèvres retroussées, des dents serrées, des cris, des hurlements, et des imprécations. [...]
Savez-vous ce qu’est le pays creux ? Non ? Eh bien moi non plus, je ne savais pas de quoi il s’agissait avant de commencer ce livre. J’ai donc commencé par spéculer avant de me plonger dans ce petit roman, et je dois dire que j’ai été bien surprise.
Tout d’abord, par le genre de l’histoire. En effet, dès les premières pages, j’ai eu l’impression de lire un conte. Un de ces contes merveilleux dont raffolent les enfants, plein de valeureux chevaliers, de seigneurs et de désirs de vengeance. Toutefois, cette histoire n’est clairement pas destinée à un public jeune : nous suivons les souvenirs de Florian de Liliis, désormais vieil homme, et sa recherche du pays creux. Nous commençons par son enfance, où il décide de venger son frère pour une question d’honneur. Mais il comprend bien vite que d’agir à la place de Dieu n’est pas une solution et, le cœur et l’âme tachés par cette mauvaise action, il se met donc en quête du pays creux, où il avait laissé son amour, et cherche à obtenir le pardon du seigneur.
La narration est quelque peu surprenante, car si on s’attarde beaucoup sur les pensées de Florian, on en sait finalement très peu sur son caractère. Les autres personnages m’ont eux aussi paru très simples et peu développés, et je pense que quelques pages supplémentaires s’attardant sur leur psychologie auraient apporté beaucoup à ce court roman. De même, l’inconsistance dans la description des lieux m’a parfois dérangée. En effet, on parle beaucoup du pays creux, mais on n’en a jamais réellement l’image car il n’est pas détaillé – sous prétexte qu’il est trop beau pour être décrit. Par contre, lors des scènes de batailles, l’auteur s’attarde sur certains éléments qui m’ont paru bien insignifiant : les vêtements des combattants sont décrits avec précision, tout comme leurs mouvements, et cela devient quelque peu répétitif. Il y a donc un grand déséquilibre entre les descriptions des lieux, qui sont presque inexistantes, et celles de l’action, qui sont bien trop fournies à mon goût.
Un autre point qui m’a surprise est le style de l’auteur, très soigné et complexe. Le vocabulaire est recherché et la présence de quelques termes techniques de l’époque des chevaliers et des seigneurs rend le tout très réel. Il est vrai que ce n’est pas facile à lire, mais après quelques pages, quand on s’habitue à la plume, c’est très agréable et poétique, et on peut le lire avec fluidité. Ce que je déplore, toutefois, c’est que plus on avance dans la lecture, plus de petites erreurs de typographie se glissent dans le texte. Ce qui est dommage au vu du talent manifeste de l’auteur
Ce qui m’a un peu plus freinée dans ma lecture, c’est le fil des pensées de Florian, qui m’ont paru, à plusieurs reprises, bien confuses. Je pense que, d’un côté, cela fait partie du charme de cette histoire car, après tout, Florian nous explique au début qu’il est un vieil homme et que sa mémoire lui joue quelques tours. Avec cette organisation, on a vraiment l’impression de se trouver dans sa tête, emporté par le flot des ses souvenirs. C’est toutefois un peu déroutant, et j’ai dû laisser reposer le livre après l’avoir terminé, puis reprendre quelques passages avant de bien comprendre le tout.
Le pays creux m’a donc plu dans l’ensemble, même si j’aurais souhaité qu’il soit plus développé, car on arrive à la fin sans même s’en rendre compte. Les personnages manquent un peu de personnalité et les lieux de couleurs, mais l’action est prenante et Florian très attachant. La plume de William Morris est très belle, mais pas toujours facile à comprendre, et une bonne connaissance de la langue française et éventuellement du vocabulaire de la période des seigneurs et chevaliers est nécessaire pour apprécier la lecture à sa juste valeur. Bien qu’elle s’apparente quelque peu à un conte, c’est une histoire qui est, selon moi, plutôt destiné à un public adulte et mûr en raison des thèmes importants décrits : la rédemption, la vengeance, la mort…
Je remercie finalement le forum Accrocs et Mordus pour l’organisation de ce partenariat, et les éditions Aux forges de Vulcain pour la découverte de cet univers magique que je n’aurais jamais découvert autrement.

Partenariat avec les Éditions Aux forges de Vulcain
Un grand à la maison d'édition pour sa confiance

Between shades of gray by Ruta Sepetys


Shrewsbury, English Bridge

Author: Ruta Sepetys
Publication date: 2011
Publisher: Penguin Books
Pages: 344
My opinion

* I shut the bathroom door and caught sight of my face in the mirror. I had no idea how quickly it was to change, to fade. If I had, I would have stared at my reflection, memorizing it. It was the last time I would look into a real mirror for more than a decade. *

Lina is just an ordinary, youg Lithuanian girl. She paints, she draws, she gets crushes on boys. Until the night in 1941 when Soviet guards haul Lina and her family from their home. Separated from her father and forced into a cattle car, Lina, her mother and her young brother begin a harrowing journey north, across the Arctic Circle, to a work camp in the frozen wastes of Siberia.
There they are forced, under Stalin's orders, to struggle for their lives under the cruellest of conditions. Lina's only solace is her art. At great risk, she draws, recording the beauty and the horror and even the ordinariness that she sees every day, hoping that one day her father, wherever he may be, might look upon her work.
Until that day Lina must wait, draw and try to survive...

* Exactly a year before, the Soviets have begun moving troops over the borders into the country. Then, in August, Lithuania was officially annexed into the Soviet Union. When I complained at the dinner table, Papa yelled at me and told me to never, ever say anything derogatory about the Soviets. He sent me to my room. I didn’t say anything out loud after that. But I thought about it a lot. *
Given the reaction of most people I talked to about this book, I would like to clarify something before I start. This review is not going to be about an erotic novel. It is not going to be about Anastasia and Christian’s relationship. It is not going to be about El James’ Fifty shades of grey. No, Between shades of gray has got nothing to do with the fast-selling novel everybody seems to be talking about, it is a completely different book, although there are similarities in the titles.
The story is that of Lina, a young Lithuanian girl who is deported one night in 1941 with her mother and brother. Her father has been arrested as well, but she does not know where he is. A horrible journey starts for them and for many other Lithuanians, from cattle cars to labour camps. Lina must fight to survive every day in these harsh conditions, with no food and constant fear of the NKVD police. But she wants to see her home again, and her father. So despite the risk, she draws and writes, hoping her art will save them.
The theme chosen by Ruta Sepetys is grim: deportation. Too often, we forget that other countries than Western European ones have been affected by war in a dramatic way. It is the case of Lithuania, torn between Russia and Germany. The war was the opportunity for the secret police working under Stalin'orders to remove anybody considered as dangerous for their government. So in a few days only, thousands of people were deported and nobody reacted. The horror began for many Lithuanians, Estonians, Latvians and Finns, whose families were torn apart, who were sent to prison or to labour camps, killed…
In this historical background, we get to know Lina and her family. Lina is only fifteen and is like any girl of her age… until she is dragged by the secret police and sent to Siberia. What did she do to deserve such inhuman treatment? Like many others, nothing, but she is considered to be a threat for the government and so she need to disappear.
The scenes describing the behaviour of the secret police and the horrors lived by the prisoners are rather violent. Full of details, nothing is hidden or weakened. More than once, I could actually feel the characters’ fear in front of the guards. However, in my opinion, Between shades of gray is a message of hope and love and not only a dark novel about the horrors of deportation.
Lina is a moving character and I grew attached to her in the first few pages already. I liked the fact that she is an ordinary girl, apart from her gift for drawing. However, we will quickly understand that she is also extremely strong and that only by remaining herself she can hope to survive. The other characters are also well portrayed, particularly her brother and mother but also the people forced to share the cattle car with them and later on work on the labour camp.
Although it is fiction, we can see that Ruta Sepetys did a great job of research about Lithuania, Siberia, labour camps and deportation. The feelings described are extremely moving and seemed very realistic to me. How can we not be moved by such horrors? And how can we not admire the courage showed by these people? I tried to imagine how I would react if I were in their situation but try as I might, I couldn’t. What is amazing is the ways they find to survive, to keep a glimmer of hope and try and be happy. Of course, they cannot find happiness in this case, but their memories and the way they help each other is extraordinary.
Mixed with the main story, we have various flashbacks which I particularly enjoy for two reasons. First of all, they show a great contrast between how Lithuania was and the present of the story. We see Lina’s happy childhood, her teenager’s concerns and her dreams. And we understand how, in one night, everything can change. The second reason is connected to the point of view in which the story is told. Lina is giving an account of what happens and as she is a young girl, she does not understand everything about politics. Also, there are secrets kept from her in order to protect her. The flashbacks are useful because they enable us to discover the situation little by little, at the same time as Lina.
The writing style also matches the point of view: it is simple, without too many details, just like a teenager’s diary. Yet, it is extremely agreeable to read and you will not even notice as you go through the pages. Drawn by Lina’s desire to live and by her dreams, you will discover how the story unfolds for her and her family. But is there really an end to such horrors?
Between shades of gray is a novel full of emotion. Although it is fiction, it gives us a good insight into the situation of Lithuania during WWII and into deportation. The characters are full of personality and their kindness can only be admired. They dream, they fight, they hope for their life to become normal again. But is it possible after such horrors? And is it possible to survive in such hostile environment? This book made me realise more than ever before how lucky I was to be born in a safe country and era.


Devoir et mémoire d'Henri Beaudout


couverture livre

Auteur : Henri Beaudout
Date de publication : 2012
Editions : Éditions Chloé des Lys
Pages : 331
Mon avis

* La mort a parfois de drôles de façons. Elle s'infiltre partout, même là où on l'attend le moins. Puis au moment où tout semble jouer en sa faveur, voilà que le destin s'en mêle et renverse la situation au point de changer le cours des choses. Le grain de sable, en somme, qui fait que... *

Noyé dans la foule qui se presse sur le quai d'une gare en France, un adolescent totalement désemparé fuit la ville de son enfance et prend le train pour monter à Paris. Mais contrairement à la plupart des provinciaux qui vont y chercher la consécration, il se rend dans la Ville lumière pour tenter de découvrir, parmi de nouveaux visages, une nouvelle raison de vivre. Car en plus de quelques effets personnels entassés en hâte dans une petite valise en carton, il emporte enfoui au plus profond de lui-même les stigmates d'un passé déjà trop lourd à porter. Et si lourd de conséquences, qu'il lui faudra près de dix ans avant de retrouver la sérénité de l'esprit perdue en Allemagne alors qu'il combattait le nazisme. Cela dit, voyons ce que l'un de ces héros, à qui nous sommes redevables d'être des hommes livres, a vécu pour en arriver là...
Comme le titre le laisse deviner, Devoir et mémoire se penche sur les souvenirs d’un homme. Mais Henri Beaudout n’est pas n’importe qui : jeune français âgé de dix-sept ans lorsque la guerre éclate, il rejoint le maquis et combat pour son pays. A travers de nombreux petits épisodes, il retrace son parcours durant cette période tourmentée, de 1940 à 1946.
D’un point de vue purement visuel, on ne peut pas dire que cet ouvrage soit une réussite. Si les couleurs de la couverture s’accordent au thème abordé, les images en gâchent quelque peu l’effet de par leur médiocre qualité. On ne peut malheureusement que deviner ce qu’elles représentent, et le texte est lui aussi trop pixellisé pour être agréable. Ce qui est appréciable, par contre, c’est la courte biographie de l’auteur qui accompagne le résumé sur la quatrième de couverture. Puisqu’il s’agit d’une autobiographie, c’est un élément très important à mes yeux.
Le roman est divisé en six chapitres, eux-mêmes découpés en courtes parties. Chacune d’entre elles est introduite par un petit dessin simple qui attire l’œil et illustre en quelque sorte ce qui est raconté dans les quelques pages à suivre. J’ai ressenti ces quelques parties comme des épisodes variés de la vie d’Henri Beaudout, nous donnant un aperçu général de son parcours, dotées de petites anecdotes concernant la guerre, ses rencontres et bien d’autres choses encore. Elles peuvent donc être lues plus ou moins indépendamment les unes des autres, et il n’est pas nécessaire d’effectuer la lecture d’une seule traite pour bien comprendre.
Du point de vue des événements, il est bien sûr difficile d’émettre un jugement car il s’agit d’un témoignage. Henri Beaudout n’invente pas une histoire, il raconte ce qu’il a vécu et tente de nous transmettre ses émotions, ainsi que l’atmosphère de cette terrible guerre. Il est parfois tout de même difficile de suivre l’action, car de scènes très lentes, on passe à une succession d’événements de la plus grande importance, suivis d’ellipses et de petites histoires apparemment anodines. J’ai personnellement eu de la peine à avoir la notion du temps qui passait lors de ses aventures, tout comme à me représenter à quelle étape se trouvait la guerre. Je pense qu’il aurait été préférable de donner des informations plus générales sur les événements qui survenaient dans le monde entier, mais une fois encore, c’est un choix de l’auteur, qui a préféré se concentrer sur ses propres souvenirs.
Pour continuer dans la même direction, on est rapidement plongé dans l’univers du maquis. Toutefois, pour quiconque n’y connaît rien, ou pas grand-chose – ce qui était mon cas – il est parfois peu aisé de comprendre ce qui se passe réellement, qui est qui, et quel est le but des opérations entreprises. Les abréviations sont généralement explicitées (encore que retranscrire un acronyme en toutes lettres n’aide pas forcément à expliquer ce que ce dernier signifie), mais il y en a tellement, et ajoutés à la présence de mots très spécialisés, ils rendent la représentation de cet univers si particulier peu aisée.
Néanmoins, on arrive sans trop de difficultés à imaginer les horreurs de la guerre et les épreuves traversées par le narrateur. Henri Beaudout à des choses à dire, impossible de le nier. J’aurais toutefois souhaité être plus touchée par l’histoire, par le personnage, et plus entraînée par l’histoire. Je pense que le style d’écriture est en grande partie responsable de ce manque d’émotions de ma part, et je dois même avouer qu’il m’a troublée. Quelque peu haché, les phrases courtes au style oral sont alternées avec d’autres très longues, me donnant une sensation de déséquilibre permanent. La présence, aux côtés de mots familiers, voire argotiques, de vocabulaire soutenu m’a paru étrange, et plusieurs fautes d’orthographe et de typographie ont gêné ma lecture.
Devoir et mémoire est toutefois un roman qui vaut la peine d’être lu, car il nous plonge dans l’univers des maquis d’une manière inhabituelle. Le titre est bien choisi : il faut se souvenir. Les courts épisodes sont agréables à lire, même s’il est parfois un peu difficile de saisir la direction de l’œuvre entière et de mettre en relation les événements bien connus de la Seconde Guerre mondiale et la vie personnelle d’Henri Beaudout. Ce livre plaira à tous les amateurs d’autobiographies et de récits retraçant l’histoire de clandestins sous l’occupation allemande.

Partenariat avec les Éditions Chloé des Lys
Un grand à la maison d'édition pour sa confiance

Toro! Toro! by Michal Morpurgo


book cover
Author:Michael Morpurgo
Publication date: 2001
Publisher: Harper Collins (Children's Books)
Pages:127
My opinion
*'It is all about freedom,' he said quietly. 'A man without freedom is a man without honour, without dignity, without nobility. If they come, I will fight for the right of the poor people of Andalucia to have enough food in their bellies, and I will fight for our right to think as we wish and say what we wish.'*

Antonito lives an idyllic life on his parents’ bull farm in Spain. But the idyll is shattered when he realises that his calf, Paco, is destined for the bullring. What can he do? He has a daring plan, but it will take enormous courage to see it through – because it is 1936, and the drums of war are echoing across the Spanish plains…

*If I learned one thing on that last journey, and while hiding in the hills with the refugees, it was that men and women have a capacity for kindness as great if not greater that their capacity for evil.*
Stories about animals, stories about war, stories about important historical events… Three areas in which Michael Morpurgo is brilliant at. Toro! Toro! is another of his children’s novel, and one that is as moving and meaningful as many others.
With the title and the front cover already, the reader knows what the main themes will be: bulls, as said in the title, and war, as demonstrated by the aeroplanes and the ruins showed on the picture. We also understand that the story takes place in Spain, and although the front cover suggests the terrible events we are about to discover, everything starts quietly. Antonito live on a bull farm, where he helps his father look after a calf whose mother died, Paco. But when he discovers that his Paco is being prepared for the bullring, he makes the decision to save him, no matter the danger caused by the raising civil war.
By focusing the story on a child, an animal, and their extraordinary relationship, the author uses the same scheme as some of his previous books, such as War Horse and Shadow, but he knows how to bring in events that will make Toro! Toro! different and attractive to a young audience.
We are first drawn into Spanish culture, with bull fights and corrida. We get to know Antonito with enough details but not too many, in order not to distract the children. The reader will discover how the bull fights are organised at the same time as little Antonito, with descriptions and information to understand them properly.
We then understand the danger for Paco, but like Antonito, we forget another, greater danger: war. Here again, we are not given a whole lot of complicated details, but only just what is necessary for the young readers to understand what the civil war is about, who Franco is, and what is happening to Antonito’s village.
Antonito’s story is actually told by himself, but years later, when he is a grandfather. This 'story in a story' is a good point of view, as it allows a more adult glance than if it had only been little Antonito telling what happened. Also, it is probably a good book to read as a bedtime story, because the children will feel they are addressed to directly.
With Toro! Toro! Michael Morpurgo once more shows his talent for telling children stories. He gives them a good insight of important historical events without too much violence, with moving characters. The animals also add to the depth of the story, as does the unknown Spanish environment and culture. The pictures, designed by Michael Foreman, are simple and beautiful, and so is the writing style, which will probably arouse children’s attention from the age of 5.