La balançoire de Raymonde Malengreau


couverture livre

Auteur : Raymonde Malengreau
Date de publication : 2012
Editions : Éditions Chloé des Lys
Pages : 89
Mon avis

* Moi, l’arbre à clous, vieux de cinq cents longues années, je m’enracine, tout perclus, à l’orée d’un bois très ancien que les machines agricoles ont grignoté peu à peu. Si bien qu’il se réduit maintenant à un îlot dont les champs seraient la mer. *

Enfance ne rime pas avec innocence.
Les fruits ne sont pas tous bons pour la santé.
Les poudres bleues ne sont pas forcément magiques.
Mais les alcôves le sont parfois.
Les rivales ne sont pas celles que l'on attendait.
Et certains arbres parlent à ceux qui savent les entendre.
Écrire reste une aventure.
De quoi est faite la vie humaine ? Si l’on faisait un sondage, on obtiendrait probablement autant de réponses à cette question qu’il y aurait de participants. L’une d’entre elle pourrait être la suivante : la vie humaine est faite de rencontres, plus ou moins ordinaires. Rencontres amoureuses, amitiés, mais pas seulement. Parfois, il arrive que notre chemin croise celui d’un objet extraordinaire, qui compte pour nous, ou qui éveille des souvenirs depuis longtemps endormis. La balançoire raconte justement quelques-uns de ces petits épisodes de vie humaine.
Hormis ce lien grossier tissé par les hommes, les dix nouvelles qui composent ce recueil n’ont, à mon avis, pas d’autre point commun réel. Loin d’être un défaut, cette particularité a su me séduire car elle laisse une grande liberté à l’auteur, qui ne cesse de nous surprendre. Autant le dire tout de suite, ce livre a été un vrai coup de cœur et ce, pour plusieurs raisons.
J’ai tout d’abord été attirée par la couverture. Auparavant, plusieurs ouvrages de cette maison d’édition m’avaient déçu en raison de la mauvaise qualité des images, mais ce n’est pas le cas ce celui-ci : l’aquarelle – réalisée par l’auteur en personne, comme je l’ai appris en commençant ma lecture – s’accorde parfaitement au ton des courtes histoires et est en harmonie parfaite avec le titre. Quant au résumé présent sur la quatrième de couverture, il est parfait car il dit juste ce qu’il faut, sans trop de détails, ce qui n’est pas une chose facile lorsqu’il s’agit d’un recueil de nouvelles.
La mise en page est modeste, mais très propre, et la taille de police agréable à lire. Les nouvelles ont des longueurs variables, allant de six à douze pages, et le tout se lit donc relativement rapidement. J’ai immédiatement été séduite par la plume de l’auteur. D’apparence fluide et simple, elle est toutefois composée d’un vocabulaire recherché, en particulier lors des descriptions, ce qui lui donne un charme très particulier. De plus, même si nous ne rencontrons chaque personnage que pour l’espace d’un instant, de quelques pages, en réalité, on a le temps de s’attacher à eux. Sans se perdre dans des descriptions de leur caractère et habitudes, Raymonde Malengreau a su trouver les anecdotes adéquates pour les rendre humains et réalistes, ce qui est une qualité non négligeable, surtout pour des textes de cette longueur.
Toutes les nouvelles m’ont plus, sans exception, même si certaines m’ont plus émue ou touchée que d’autres. Nous faisons connaissance de personnages différents à chaque fois, venant de milieux variés, faisant diverses rencontres qui ont une certaine importance dans leur vie. Certains sont des enfants, d’autres des parents, d’autres encore des personnes âgées. On a un aperçu de plusieurs générations, comme si l’auteur avait voulu nous donner un éventail de ce que l’on peut trouver sur terre. Il y a des objets, aussi, et des lieux. Tant de choses qui peuvent paraître sans importance au premier abord, mais qui prennent vie dans ces magnifiques récits.
Dans cette chronique, je ne résumerai pas les nouvelles car je ne veux pas gâcher ni le plaisir des lecteurs, ni l’effort de l’auteur pour créer une quatrième de couverture si réussie. Je dirai seulement qu’avec « La balançoire », premier récit du recueil, on entre doucement dans cet univers si particulier et séduisant qui nous réserve bien des surprises, et que « L’arbre à clous » est une manière magnifique et pleine d’émotion de clôturer l’ouvrage. « Rédemption » et « Transhumance » m’ont beaucoup plu, peut-être en raison de leur côté un peu mystérieux, alors que d’autres, telles que « Le pique-nique » ou « La dame aux coquelicots » m’ont séduite de par leur fin ouverte qui laisse l’esprit du lecteur libre d’interpréter les faits comme il le souhaite. En résumé, des histoires romantiques aux mystères de la vie quotidienne, La balançoire offre une palette de petites histoires différentes qui plaira à une grande diversité de lecteurs.
C’est un ouvrage que tout le monde peut lire, à n’importe quel âge. Je pense que chacun interprétera ces petites histoires à sa manière, selon sa personnalité et son vécu, mais il est certain que la grande diversité de textes proposée est un avantage. D’une plume agréable et fluide, Raymonde Malengreau nous plonge dans des mondes imaginaires qui se rapprochent pourtant tant de notre réalité… Mon seul regret ? Que ma lecture se soit terminée si vite.
Je remercie donc chaleureusement l’auteur pour son magnifique travail que j’admire beaucoup, et je compte bien me procurer d’autres de ses ouvrages. Un grand merci également aux Editions Chloé des Lys pour ce partenariat et pour sa confiance, et au forum A&M pour l’organisation de ce tour. Une très belle découverte, un grand coup de cœur !

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Y'a pas de prévenance ! by Jean-Charles Hue



Author : Jean-Charles Hue
Translator: Noura Wedell 
Publication date: 2012
Publisher: Éditions Aux forges de Vulcain
Pages:157
Information: bilingual edition (French - English)
My opinion
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* I can dance and sing, sure, but I've got limits. I'm a gypsy first. I'm an artist after that.*

Y’ a pas de prévenance ! gathers for the first time Jean-Charles Hue’s texts. The artist created this book as a journey in his artistic world, between the gypsies and Mexico, with Tijuana and its dog fights. To this aim, he put into dialogue his texts with images from his films, videos and photographic series. One of them has been realised especially for the occasion.
We discover the characters and histories from his films and videos, full of humour and epic at the same time. Oral language and slang, which are characteristics for his texts and use tones similar to ancient French, take us to a timeless world. The objects (military flask, gun, knife, car) which keep appearing in his artistic vocabulary are guides in this book which mixes crudeness and sensuality.

Surprising. If I had to choose a single word to describe this work, this would be it. Surprising. As I turned the pages, I went from surprise to surprise until the very end. What is sure is that Jean-Charles Hue’s book is not ordinary. So I will start by thanking the A&M forum for organising this unusual partnership and the publisher Aux forges de Vulcain for providing me with a copy in exchange of an honest review. It was a remarkable discovery and I am glad I seized the opportunity to read something different.
I would like to focus on the appearance of the book first, as I was extremely impressed by the quality. The cover is rather dark, so is the title, and there is no summary on the back cover. These are normally pet peeves of mine. However, as I opened the book, the layout took my breath away. There are pictures, different kinds of texts… all of them very elegant, and it is a bilingual edition (French – English). I suppose that given Jean-Charles Hue’s artistic path, it could be expected, but to be honest, I did not really know what to expect of this book.
About the reading, I must admit I was a little bit confused to start with. Confused about the images, which I did not really understand. Confused about the darkness that showed through the texts and pictures. Confused about the vocabulary, which is familiar and oral. Confused about the bilingual version: should I read English or French first? I was a little perturbed by the unusual aspect of this book. I decided to start reading the French texts, as it is the original language, and then the translation. In reality, I mixed it all. As I went through the short stories, I got used to the style and understood the pictures better.
There are nine different texts, whose length varies between a few lines and twelve pages. They take us on a trip in the author’s universe, recreating important moments of his life. So we discover a few anecdotes from his childhood, his life with gypsies, his travelling in Mexico, various characters… All of them seem rather unconventional and a little bit strange to start with but we get to know them better and at the end, we understand their significance for Jean-Charles Hue. The vocabulary used was certainly my greatest problem: slang, oral expressions, words used in the specific environments I mentioned before. Fortunately, the advantage of the bilingual version was that I could swap from the French version to the English one whenever there was something I was not sure of, which made it easier to have a global comprehension.
Another great strength of the book is the interview we can find at the end. It features questions by the publisher and answers by the author. They give extra information about Jean-Charles Hue’s life, his vision of art, as well as explanations about some of the photographs and their affective importance for him. In these pages, no more slang, the style is elegant, which makes a clear contrast with the stories. I liked that, because we can see the difference between the real world and the artistic world. Slang is the charm of the gypsies’ environment, of Mexico… It makes us feel there.
At the end, there is also a short biography and pictures captions, which is useful to understand the images better. The fact that a few of them come from the films Jean-Charles Hue realised made me want to watch them and, like I liked the book, I liked the extracts I have seen so far. The only criticism I can think of is the darkness of the scenes, which often made it difficult to make out the subjects. I would have liked to be able to see more, to gather details but I think I can understand why dark colours were chosen; they match the texts better and give the pictures a mysterious aspect.
Regarding the target audience for this book, I do not really know who I would recommend it to. One of the most important things, in my opinion, is that the reader has to be open because it is an unusual work. I do not think you have to particularly like contemporary art to enjoy this book, although most of the pictures are in this style. I must admit I am not normally keen on it, but I enjoyed the book. If you want to take a trip in an uncommon world, meet gypsies, Mexicans, and are not worried about slang and oral style, you will surely appreciate Y’a pas de prévenance.

Partnership with the publisher Aux forges de Vulcain
Thank you very much for trusting me

Y'a pas de prévenance ! de Jean-Charles Hue



Auteur : Y'a pas de prévenance !
Traducteur : Noura Wedell (vers l'anglais)
Date de publication : 2012
Editions : Éditions Aux forges de Vulcain
Pages :157
Autres : Édition bilingue (français - anglais)
Mon avis
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* Je veux bien danser, chanter, mais pas faire n'importe quoi. Je suis un gitan avant d'être un artiste.*

Y’ a pas de prévenance ! rassemble pour la première fois les écrits de Jean-Charles Hue. L’artiste a conçu cet ouvrage comme un parcours à travers son univers artistique, entre le monde gitan et le Mexique de Tijuana et des combats de chiens. Il a pour ce faire mis en dialogue ses textes avec des images tirées de ses films, de ses vidéos et de ses séries photographiques, dont une a été réalisée spécialement pour l’occasion.
On y retrouve les personnages et les histoires, à la fois pleines d’humour et habitées d’un souffle épique, qui traversent ses vidéos et films. La langue orale et argotique qui caractérise ses écrits use de sonorités proches du vieux français et nous emmène dans un monde atemporel. Les objets (quart militaire, pistolet, couteau, voiture) qui sont récurrents dans son vocabulaire artistique servent ici de guides dans une atmosphère qui mélange crudité et sensualité.
Etonnant. Si je devais choisir un seul mot pour décrire cette œuvre, ce serait celui-là. Etonnant. Au fil des pages, je suis allée de surprise en surprise jusqu’à la fin. Ce qui est certain, c’est que le livre de Jean-Charles Hue n’est pas ordinaire. Je vais donc commencer par remercier le forum A&M pour l’organisation de ce partenariat, et les éditions Aux forges de Vulcain de m’avoir offert ce livre en échange d’une chronique honnête. Ce fut une découverte remarquable et je suis heureuse d’avoir saisi l’opportunité de lire quelque chose de différent.
Je voudrais tout d’abord me concentrer sur l’apparence du livre car sa qualité m’a beaucoup impressionnée. L’image de couverture est plutôt sombre et il n’y a pas de résumé sur la quatrième-de couverture. Ce sont normalement des défauts que je ne supporte pas. Pourtant, lorsque j’ai ouvert le livre, la mise en page m’a coupé le souffle : il y a des images, différents types de textes… Le tout très élégant, et c’est une édition bilingue français – anglais. Je suppose qu’étant donné le parcours artistique de l’auteur, on pouvait s’y attendre, mais honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec ce livre.
En ce qui concerne la lecture, je dois admettre que j’ai ressenti une certaine confusion au début. Une confusion à cause des images que je ne comprenais pas vraiment. Une confusion à cause du côté sombre qui transparaît des textes et des photographies. Une confusion à cause du vocabulaire, de style oral et familier. Une confusion à cause de la version bilingue, aussi : par où commencer ? Par le français ou l’anglais ? J’étais quelque peu déstabilisée par l’aspect inhabituel de ce libre. J’ai décidé de lire les textes français puisqu’il s’agit de la langue originale, et ensuite l’anglais. En vérité, j’ai fait un joli mélange de tout cela. Au fil des histoires, je me suis habituée au style et j’ai commencé à comprendre les images.
L’ouvrage est composé de neuf textes différent, dont la longueur varie entre quelques lignes et douze pages. Ils nous emmènent en voyage dans l’univers de l’auteur, recréant des moments importants de sa vie. Ainsi, nous découvrons quelques anecdotes de son enfance, sa vie avec les gitans, le Mexique, et différents personnages… Aucun d’entre eux n’est conventionnel et tous paraissent un peu étranges au premier abord, mais on apprend à les connaître et pour finir, on comprend leur importance aux yeux de Jean-Charles Hue. Le vocabulaire utilisé a certainement été mon plus grand problème : de l’argot, des expressions de la langue parlée, des mots spécifiques aux milieux particuliers que j’ai mentionnés plus haut. Heureusement, l’avantage de la version bilingue est que je pouvais facilement passer du français à l’anglais quand j’avais un doute, ce qui a amélioré ma compréhension globale.
Un autre point fort du livre est l’interview que l’on trouve à la fin. Il comprend des questions posées par la responsable d’édition et les réponses de l’auteur. Elles nous donnent des informations supplémentaires sur la vie de Jean-Charles Hue, sur sa vision de l’art et aussi des explications à propos de certaines photographies et leur importance affectives pour lui. Dans ces pages, plus d’argot, le style est soigné et élégant, ce qui constitue un contraste claire avec les petites histoires. J’ai aimé ce changement car il marque la différence entre le monde réel et le monde artistique. L’argot est le charme du milieu gitan, de Mexico. Il nous y transporte.
A la fin, il y a également une courte biographie de l’auteur et une légende des images, qui est très utile pour mieux les comprendre. Le fait que grand nombre d’entre elles soient tirées des films réalisés par Jean-Charles Hue m’a donné envie de regarder ces derniers et, tout comme j’ai aimé le livre, j’ai aimé les quelques extraits que j’ai pu visionner jusqu’à maintenant. La seule critique que je pourrais formuler concerne les couleurs de scènes, qui par leur obscurité nous empêchent de bien distinguer les sujets de l’image. J’aurais aimé pouvoir distinguer plus de choses, saisir une plus grande quantité de détails, mais je crois comprendre pourquoi l’obscurité a été choisie ; elle convient mieux aux textes et donne un aspect mystérieux aux images.
En ce qui concerne le public cible de cet ouvrage, je ne sais pas exactement à qui je le recommanderais. A mon avis, le plus important est d’être ouvert car c’est un travail très inhabituel. Je ne pense pas qu’une affection particulière pour l’art contemporain soit nécessaire pour apprécier le livre, même si la plupart des images sont de ce style. Je dois admettre que je n’y suis normalement pas sensible, mais j’ai beaucoup aimé ma lecture. Quiconque intéressé par un voyage dans un monde qui est tout sauf commun, qui souhaite rencontrer des gitans et des Mexicains, et à qui l’argot et le style oral ne pose pas de problème, appréciera sans aucun doute Y'a pas de prévenance.

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Le pays creux de William Morris


couverture livre

Auteur : Le pays creux
Titre original : The hollow land
Traducteur : Maxime Massonnat
Date de publication : 1996 (traduction française : 2011)
Editions : Éditions Aux forges de Vulcain
Pages : 52
Mon avis

* Nul ne peut le décrire car sa beauté est trop grande, un grand pays creux : les rochers tombent à pic pour former des précipices de ce côté, puis les étendues du plus beau pays, encore et encore, des arbres, des fleurs, des blés, puis des collines, vertes et bleues, et pourpres, avant que leurs saillies n'atteignent enfin la blancheur des montagnes enneigées. Alors comme pour tout sentiment étrange, "mon coeur en mon corps fut comme cire fondue.*

Savez-vous où il se trouve – le Pays Creux ? Depuis longtemps, maintenant, j’en suis à la recherche, j’essaie de le retrouver – le Pays Creux – car c’est là que j’ai vu mon amour pour la première fois. Je veux d’abord vous dire comment je l’ai trouvé ; mais je me fais vieux, et ma mémoire me trahit : il vous faut patienter et me laisser réfléchir si d’aventure je puis vous dire comment c’est arrivé. Oui, à mes oreilles résonne un bruit de trompettes qui retentissent dans des landes désolées, de mes yeux et mes oreilles, je vois, j’entends le choc et le fracas des sabots de chevaux, le son et l’éclat de l’acier ; des lèvres retroussées, des dents serrées, des cris, des hurlements, et des imprécations. [...]
Savez-vous ce qu’est le pays creux ? Non ? Eh bien moi non plus, je ne savais pas de quoi il s’agissait avant de commencer ce livre. J’ai donc commencé par spéculer avant de me plonger dans ce petit roman, et je dois dire que j’ai été bien surprise.
Tout d’abord, par le genre de l’histoire. En effet, dès les premières pages, j’ai eu l’impression de lire un conte. Un de ces contes merveilleux dont raffolent les enfants, plein de valeureux chevaliers, de seigneurs et de désirs de vengeance. Toutefois, cette histoire n’est clairement pas destinée à un public jeune : nous suivons les souvenirs de Florian de Liliis, désormais vieil homme, et sa recherche du pays creux. Nous commençons par son enfance, où il décide de venger son frère pour une question d’honneur. Mais il comprend bien vite que d’agir à la place de Dieu n’est pas une solution et, le cœur et l’âme tachés par cette mauvaise action, il se met donc en quête du pays creux, où il avait laissé son amour, et cherche à obtenir le pardon du seigneur.
La narration est quelque peu surprenante, car si on s’attarde beaucoup sur les pensées de Florian, on en sait finalement très peu sur son caractère. Les autres personnages m’ont eux aussi paru très simples et peu développés, et je pense que quelques pages supplémentaires s’attardant sur leur psychologie auraient apporté beaucoup à ce court roman. De même, l’inconsistance dans la description des lieux m’a parfois dérangée. En effet, on parle beaucoup du pays creux, mais on n’en a jamais réellement l’image car il n’est pas détaillé – sous prétexte qu’il est trop beau pour être décrit. Par contre, lors des scènes de batailles, l’auteur s’attarde sur certains éléments qui m’ont paru bien insignifiant : les vêtements des combattants sont décrits avec précision, tout comme leurs mouvements, et cela devient quelque peu répétitif. Il y a donc un grand déséquilibre entre les descriptions des lieux, qui sont presque inexistantes, et celles de l’action, qui sont bien trop fournies à mon goût.
Un autre point qui m’a surprise est le style de l’auteur, très soigné et complexe. Le vocabulaire est recherché et la présence de quelques termes techniques de l’époque des chevaliers et des seigneurs rend le tout très réel. Il est vrai que ce n’est pas facile à lire, mais après quelques pages, quand on s’habitue à la plume, c’est très agréable et poétique, et on peut le lire avec fluidité. Ce que je déplore, toutefois, c’est que plus on avance dans la lecture, plus de petites erreurs de typographie se glissent dans le texte. Ce qui est dommage au vu du talent manifeste de l’auteur
Ce qui m’a un peu plus freinée dans ma lecture, c’est le fil des pensées de Florian, qui m’ont paru, à plusieurs reprises, bien confuses. Je pense que, d’un côté, cela fait partie du charme de cette histoire car, après tout, Florian nous explique au début qu’il est un vieil homme et que sa mémoire lui joue quelques tours. Avec cette organisation, on a vraiment l’impression de se trouver dans sa tête, emporté par le flot des ses souvenirs. C’est toutefois un peu déroutant, et j’ai dû laisser reposer le livre après l’avoir terminé, puis reprendre quelques passages avant de bien comprendre le tout.
Le pays creux m’a donc plu dans l’ensemble, même si j’aurais souhaité qu’il soit plus développé, car on arrive à la fin sans même s’en rendre compte. Les personnages manquent un peu de personnalité et les lieux de couleurs, mais l’action est prenante et Florian très attachant. La plume de William Morris est très belle, mais pas toujours facile à comprendre, et une bonne connaissance de la langue française et éventuellement du vocabulaire de la période des seigneurs et chevaliers est nécessaire pour apprécier la lecture à sa juste valeur. Bien qu’elle s’apparente quelque peu à un conte, c’est une histoire qui est, selon moi, plutôt destiné à un public adulte et mûr en raison des thèmes importants décrits : la rédemption, la vengeance, la mort…
Je remercie finalement le forum Accrocs et Mordus pour l’organisation de ce partenariat, et les éditions Aux forges de Vulcain pour la découverte de cet univers magique que je n’aurais jamais découvert autrement.

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Between shades of gray by Ruta Sepetys


Shrewsbury, English Bridge

Author: Ruta Sepetys
Publication date: 2011
Publisher: Penguin Books
Pages: 344
My opinion

* I shut the bathroom door and caught sight of my face in the mirror. I had no idea how quickly it was to change, to fade. If I had, I would have stared at my reflection, memorizing it. It was the last time I would look into a real mirror for more than a decade. *

Lina is just an ordinary, youg Lithuanian girl. She paints, she draws, she gets crushes on boys. Until the night in 1941 when Soviet guards haul Lina and her family from their home. Separated from her father and forced into a cattle car, Lina, her mother and her young brother begin a harrowing journey north, across the Arctic Circle, to a work camp in the frozen wastes of Siberia.
There they are forced, under Stalin's orders, to struggle for their lives under the cruellest of conditions. Lina's only solace is her art. At great risk, she draws, recording the beauty and the horror and even the ordinariness that she sees every day, hoping that one day her father, wherever he may be, might look upon her work.
Until that day Lina must wait, draw and try to survive...

* Exactly a year before, the Soviets have begun moving troops over the borders into the country. Then, in August, Lithuania was officially annexed into the Soviet Union. When I complained at the dinner table, Papa yelled at me and told me to never, ever say anything derogatory about the Soviets. He sent me to my room. I didn’t say anything out loud after that. But I thought about it a lot. *
Given the reaction of most people I talked to about this book, I would like to clarify something before I start. This review is not going to be about an erotic novel. It is not going to be about Anastasia and Christian’s relationship. It is not going to be about El James’ Fifty shades of grey. No, Between shades of gray has got nothing to do with the fast-selling novel everybody seems to be talking about, it is a completely different book, although there are similarities in the titles.
The story is that of Lina, a young Lithuanian girl who is deported one night in 1941 with her mother and brother. Her father has been arrested as well, but she does not know where he is. A horrible journey starts for them and for many other Lithuanians, from cattle cars to labour camps. Lina must fight to survive every day in these harsh conditions, with no food and constant fear of the NKVD police. But she wants to see her home again, and her father. So despite the risk, she draws and writes, hoping her art will save them.
The theme chosen by Ruta Sepetys is grim: deportation. Too often, we forget that other countries than Western European ones have been affected by war in a dramatic way. It is the case of Lithuania, torn between Russia and Germany. The war was the opportunity for the secret police working under Stalin'orders to remove anybody considered as dangerous for their government. So in a few days only, thousands of people were deported and nobody reacted. The horror began for many Lithuanians, Estonians, Latvians and Finns, whose families were torn apart, who were sent to prison or to labour camps, killed…
In this historical background, we get to know Lina and her family. Lina is only fifteen and is like any girl of her age… until she is dragged by the secret police and sent to Siberia. What did she do to deserve such inhuman treatment? Like many others, nothing, but she is considered to be a threat for the government and so she need to disappear.
The scenes describing the behaviour of the secret police and the horrors lived by the prisoners are rather violent. Full of details, nothing is hidden or weakened. More than once, I could actually feel the characters’ fear in front of the guards. However, in my opinion, Between shades of gray is a message of hope and love and not only a dark novel about the horrors of deportation.
Lina is a moving character and I grew attached to her in the first few pages already. I liked the fact that she is an ordinary girl, apart from her gift for drawing. However, we will quickly understand that she is also extremely strong and that only by remaining herself she can hope to survive. The other characters are also well portrayed, particularly her brother and mother but also the people forced to share the cattle car with them and later on work on the labour camp.
Although it is fiction, we can see that Ruta Sepetys did a great job of research about Lithuania, Siberia, labour camps and deportation. The feelings described are extremely moving and seemed very realistic to me. How can we not be moved by such horrors? And how can we not admire the courage showed by these people? I tried to imagine how I would react if I were in their situation but try as I might, I couldn’t. What is amazing is the ways they find to survive, to keep a glimmer of hope and try and be happy. Of course, they cannot find happiness in this case, but their memories and the way they help each other is extraordinary.
Mixed with the main story, we have various flashbacks which I particularly enjoy for two reasons. First of all, they show a great contrast between how Lithuania was and the present of the story. We see Lina’s happy childhood, her teenager’s concerns and her dreams. And we understand how, in one night, everything can change. The second reason is connected to the point of view in which the story is told. Lina is giving an account of what happens and as she is a young girl, she does not understand everything about politics. Also, there are secrets kept from her in order to protect her. The flashbacks are useful because they enable us to discover the situation little by little, at the same time as Lina.
The writing style also matches the point of view: it is simple, without too many details, just like a teenager’s diary. Yet, it is extremely agreeable to read and you will not even notice as you go through the pages. Drawn by Lina’s desire to live and by her dreams, you will discover how the story unfolds for her and her family. But is there really an end to such horrors?
Between shades of gray is a novel full of emotion. Although it is fiction, it gives us a good insight into the situation of Lithuania during WWII and into deportation. The characters are full of personality and their kindness can only be admired. They dream, they fight, they hope for their life to become normal again. But is it possible after such horrors? And is it possible to survive in such hostile environment? This book made me realise more than ever before how lucky I was to be born in a safe country and era.